L'ancien dictateur du Guatemala, Efraín Ríos Montt, âgé de 86 ans, a été condamné vendredi 10 mai à une peine de 50 ans de prison pour génocide, et à une autre de 30 ans pour crimes de guerre. "Les actes de José Efraín Ríos Montt relèvent de génocide (...) et la peine qui y correspond doit être appliquée", a déclaré la juge Jazmín Barrios lors de la lecture du verdict duquel l'accusé peut faire appel. Il est le premier président sud-américain à être condamné pour génocide.

Protégé par son immunité parlementaire, Efrain Rios Montt a pourtant échappé à la justice pendant plus de trente ans, avant de quitter le parlement en 2012. L'ancien militaire a finalement été jugé entre le 19 mars et le 10 mai, et reconnu coupable de génocide pour le massacre de 1 771 indiens dans le département de Quiché, épicentre de la guerre civile qui a violemment secoué le pays jusqu'en 1996.

"Je ne suis pas génocidaire (...) Je n'ai jamais autorisé, jamais signé, jamais ordonné qu'on en attente contre une race, une ethnie ou une religion. Je ne l'ai jamais fait !", s'est-il défendu jeudi d'une voix aiguë mais ferme, lors d'une ultime prise de parole devant ses juges. Au nom de la lutte contre-insurrectionnelle, en pleine guerre froide, il avait mis en place une politique de la "terre brûlée" contre des communautés indigènes soupçonnées de soutenir les guérillas de gauche, dans le nord et le nord-est du pays.

L'activiste et prix Nobel de la paix, Rigoberta Menchu, se félicite du verdict dans les bras d'une victime de la guerre civile guatemaltèque.

Un rapport de l'ONU daté de 1999, présenté par l'accusation lors du procès, recense 626 massacres - dont 500 hameaux rasés - et considère qu'il y a eu "génocide". D'après ce même rapport, plus de 90 % des violations des droits de l'homme se sont déroulées entre 1978 et 1984. Au total, la guerre (1960-1996), a fait 200 000 morts et disparus, d'après les Nations unies, dans ce pays qui compte actuellement 14 millions d'habitants. Rios Montt pourrait en outre faire face à un nouveau procès pour génocide, pour d'autres massacres commis sous son régime.

11 mai 2013

Le Monde.fr avec AFP et Reuters