7sur7/ Source: BELGA – 7 juillet 2015

La commission des Affaires étrangères de la Chambre a adopté mardi une proposition de résolution relative à la commémoration du centenaire du génocide arménien, trois semaines après que le Premier ministre Charles Michel eut qualifié au parlement de "génocide" les massacres commis par le dernier gouvernement ottoman il y a un siècle envers les populations arméniennes.

C'est "une grande satisfaction", s'est réjoui le chef de groupe MR Denis Ducarme alors que la résolution doit encore être votée en séance plénière. Le texte ne recueille toutefois pas l'unanimité, les élus PS, cdH et Ecolo (ainsi que le FDF qui ne dispose pas du droit de vote en commission) regrettant qu'il ne permette pas à la Chambre de reconnaître solennellement le génocide arménien. PS, cdH et Ecolo se sont abstenus. Le sp.a a voté en faveur de la résolution de la majorité.

Il serait désolant de faire croire à l'opinion publique que cette résolution serait une "version light" de reconnaissance alors qu'elle évoque le génocide arménien et qu'elle s'inscrit dans la déclaration du Premier ministre à la Chambre, a commenté son auteur principal, le député Peter De Roover (N-VA).

Mais sur les bancs du PS, du cdH, d'Ecolo et des FDF, on est d'avis que la majorité, qui a refusé tous les amendements de l'opposition, est passée à côté de l'opportunité de voir la Chambre reconnaître solennellement le génocide arménien.

Le cœur même du texte se focalise sur la nécessité d'encourager la réconciliation entre la Turquie et l'Arménie mais n'appelle pas les autorités belges à poser un acte de reconnaissance, une occasion manquée supplémentaire, selon l'opposition, après l'absence du chef d'État, du chef du gouvernement ou de la diplomatie belge aux cérémonies officielles à Erevan.

Pour la majorité, l'acte fort a été posé par le Premier ministre Charles Michel qui, le 18 juin dernier, a reconnu, à la tribune de la Chambre, le génocide arménien. "Je n'en reviens pas encore des leçons qu'on a pu prendre de partis qui ont été aux responsabilités et qui auraient pu demander à leur Premier ministre la reconnaissance, mais qui ne l'ont pas fait, par choix politique", a tonné M. Ducarme.

"Le MR tente de nous faire croire qu'il prend ses responsabilités, une des plus belles façons de les prendre eût été d'envoyer le Premier ministre MR ou le ministre des Affaires étrangères MR à Erevan, cela aurait été bien plus fort qu'une déclaration à la Chambre", a réagi Stéphane Crusnière (PS), disant ne pas comprendre que la majorité ne laisse pas à la Chambre l'opportunité de prononcer un "acte solennel fort" quinze ans après le Sénat.

La majorité n'a pas non plus souhaité à ce stade étendre la reconnaissance du génocide aux autres minorités touchées comme les Araméens, les Syriaques, les Chaldéens, les Assyriens ou les Grecs Pontiques, même si le texte de la résolution évoque également le drame des massacres qui ont visé ces populations. Pour Vanessa Matz (cdH), cela revient à considérer qu'il existe des "sous-génocides" et il s'agit d'un mauvais signal alors que les chrétiens d'Orient font l'objet de nouvelles persécutions de masse. Tendu, le débat s'est figé un peu plus quand Jean-Jacques Flahaux (MR) a jugé qu'il fallait veiller, sur la forme, à ne pas "ajouter d'autres wagons" ou à "noyer le poisson", autant d'expressions qui ont choqué l'opposition.

Enfin, l'appel à élargir la loi pénalisant le négationnisme lancé par Olivier Maingain (FDF) n'a pas non plus été retenu.

Benoît Hellings (Ecolo) avait souligné l'importance d'une résolution qui permette de contribuer, loin des "raisons communautaires" et des "jeux politiciens" animant certains partis, à "l'effet domino" qui doit permettre la reconnaissance du génocide par la Turquie. Au final, il a regretté le "brouillard" et l'"ambigüité" du texte adopté.