Parlant d’une seule voix, une délégation de responsables des Eglises  syriaque orthodoxe, grecque orthodoxe, grecque melkite et catholique  romaine de Syrie ont demandé la solidarité des chrétiens d’Occident avec  tout le peuple syrien. 
 
Chrétiens et musulmans confondus souffrent atrocement de cette  guerre « fortement alimentée, de l’étranger, en armes et en hommes ».  Invités à Genève, les responsables d’Eglises ont déploré le fait que  l’information des médias occidentaux est trop souvent biaisée et  unilatérale. Ils appellent leurs frères d’Occident à une prise de  conscience de ce qui se passe réellement sur le terrain dans cette  région, berceau du christianisme. 
 
A Genève, les responsables chrétiens syriens parlent d’une seule  voix Ils demandent davantage d’objectivité aux médias occidentaux 
 
Parlant d’une seule voix, une délégation de responsables des Eglises  syriaque orthodoxe, grecque orthodoxe, grecque melkite catholique et  catholique romaine de Syrie ont demandé la solidarité des chrétiens  d’Occident avec tout le peuple syrien. Chrétiens et musulmans confondus  souffrent atrocement de cette guerre «fortement alimentée, de  l’étranger, en armes et en hommes». Les responsables ecclésiaux ont  également déploré le fait que l’information des médias occidentaux soit  trop souvent unilatérale. 
 
Invités le 8 mai au Club suisse de la presse à Genève, les  représentants des Eglises chrétiennes ont relevé que l’information des  médias occidentaux sur la situation en Syrie est trop souvent biaisée et  unilatérale. Ils ont appelé leurs frères d’Occident à une prise de  conscience de ce qui se passe réellement sur le terrain dans cette  région qui est le berceau du christianisme. 
 
Un tiers des chrétiens ont fui le pays 
 
Les médias occidentaux se contentent trop souvent de publier sans  vérifier des informations diffusées par l'Observatoire syrien des droits  de l'homme (OSDH) – une ONG liée à l’opposition basée au Royaume-Uni,  dirigée par Rami Abdel Rahmane, de son vrai nom Oussama Ali Suleiman –  au lieu de puiser à des sources moins connotées et moins controversées. 
 
D’autant plus que des journalistes freelance travaillent sur place  et connaissent la situation de près. «Mais on ne les entend pas en  Occident», affirme Mgr Nicolas Antiba, archevêque du diocèse grec  melkite catholique de Bosra et du Hauran, au sud de la Syrie. Par  paresse ou par intérêt, les médias relaient souvent sans vérifier les  nouvelles de l’OSDH, regrettent les ecclésiastiques. 
 
Mgr Dionysius Jean Kawak, archevêque de l’Eglise syriaque orthodoxe  de Damas, relève que les chrétiens ne sont pas les seuls à souffrir du  conflit qui ensanglante le pays depuis près de trois ans. En tant que  minorité, ils sont cependant plus vulnérables et sont dans une situation  très difficile. «Au moins un tiers des chrétiens ont déjà fui le pays». 
 
Evêques, prêtres et fidèles menacés et enlevés 
 
Les chrétiens sont d’autant plus inquiets que cela fait déjà plus  d’un an que les islamistes armés ont enlevé, en avril 2013, deux  métropolites orthodoxes d’Alep, Mgr Georges Yohanna Ibrahim, évêque  syro-orthodoxe, et Mgr Boulos al-Yazigi, évêque grec-orthodoxe. Ils ont  été emmenés par des hommes armés près de la frontière turque «et depuis,  on reste sans nouvelle d’eux». 
 
D’autres religieux, les Pères Michel Kayyal, arménien-catholique, et  Maher Mahfouz, grec-orthodoxe, séquestrés depuis février 2013, sont aux  mains d'un groupe fanatique, ainsi que le Père jésuite italien Paolo  Dall'Oglio, enlevé par un groupe islamiste le 30 juillet dernier. 
 
Les simples fidèles ne sont pas non plus épargnés par l’insécurité.  «Nous n’avons aucune nouvelle sur le sort de ces religieux, nous en  appelons à la communauté internationale pour qu’elle fasse quelque chose  pour leur libération! Nous ne demandons pas grand-chose, seulement de  nous aider, que les parties en conflit s’assoient enfin à une table de  négociation, pour mettre un terme aux souffrances de notre peuple»,  demande Mgr Kawak. 
 
Originaire d’Alep, Mgr Nicolas Antiba vit aujourd’hui en Syrie  méridionale, «où saint Paul a fait son noviciat pour commencer sa  mission de chrétien». C’était le grenier à blé de toute la région, mais  l’an dernier les opposants ont complètement brûlé les champs de blé pour  inciter les gens à se révolter contre le régime, témoigne l’évêque.  Plusieurs villages de son diocèse ont été vidés par la force de leurs  habitants chrétiens. «Deux de nos églises ont été complètement détruites  et une troisième a été récemment brûlée, tandis que le fils du prêtre  était enlevé.» Et de déplorer que les médias occidentaux n’en aient  jamais parlé. 
 
Critique de la partialité des médias occidentaux 
 
Originaire d’Italie, Mgr Giuseppe Nazzaro, ancien vicaire  apostolique catholique à Alep, et ex-custode de Terre sainte, a passé  cinquante-huit ans au Moyen-Orient, dont quinze ans en Syrie, notamment  ces dernières années à Alep. Interrogé sur la difficile situation des  droits de l’homme sous le régime de Bachar el-Assad, le prélat a mis les  médias au défi d’envoyer sur place une commission chargée d’enquêter  sur la réalité de ces droits, de la Méditerranée au golfe Persique, et  d’en publier honnêtement les résultats. «Allez donc voir ce qui se passe  dans les pays de la région qui soutiennent la rébellion…» ont-ils lancé  en chœur, en pointant le doigt sur des pays comme l’Arabie saoudite ou  le Qatar. 
 
La communauté musulmane interpellée 
 
Et de se demander pourquoi la communauté musulmane, au plan  international, ne proteste pas contre toutes les atrocités dans la  région, notamment celles qui sont commises par des mouvements comme le  groupe jihadiste Daech – Etat islamique en Irak et au Levant-EIIL – qui  impose une série de règles discriminatoires aux habitants chrétiens de  la ville de Raqqa qu'il contrôle. 
 
Mgr Nazzaro ne veut pas parler la langue de bois quand il évoque  l’information diffusée en Occident sur ce qui se passe en Syrie. Il a  ainsi pris l’exemple d’un événement sanglant qui s’est déroulé le 2 juin  2012 dans la ville de Jisr al-Choughour, sur le fleuve Oronte, dans le  nord-ouest de la Syrie. «Les terroristes se sont emparés d’un poste de  police et ont tué tous les policiers qui étaient là. Ils ont été  égorgés. Puis ils ont utilisé le téléphone de la station et ont appelé  pour une rencontre générale les autres policiers dépendant du poste. Ils  étaient au total 120. Ils ont été égorgés et leur tête a été mise sur  le mur de la caserne. Les corps ont été jetés dans le fleuve», décrit  Mgr Nazzaro. 
 
Appel à la paix 
 
Personne n’en a parlé sur le moment, certainement pas les médias  occidentaux, poursuit-il. Huit jours après, une télévision européenne a  simplement annoncé qu’à Jisr al-Choughour la police avait tué 120  personnes qui s’opposaient à la répression des manifestants. 
 
Deux jours plus tard, une journaliste de la même chaîne, envoyée  dans un camp en Turquie où se trouvaient les réfugiés de Jisr  al-Choughour, racontait que quelques jours auparavant «l’armée avait tué  120 soldats et officiers parce qu’ils avaient refusé de tirer sur la  foule». C’est comme cela que les gens sont informés chez vous,  regrette-t-il, souvent par des nouvelles visant uniquement à  déstabiliser le régime en place. 
 
Dans une déclaration commune, les responsables ecclésiaux ont lancé,  à l’occasion de leur venue à Genève, un vibrant appel afin que toutes  les parties en conflit et les puissances qui les soutiennent cessent  d’alimenter cette guerre et les crimes contre l’humanité qui en  découlent. 
 
Jacques Berset, Apic, Genève, 11 mai 2014
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