Le Comité des Arméniens de Belgique a réagi avec une certaine virulence à la récente prise de parole du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme dans la querelle l’opposant à la communauté juive. Pour rappel, cette dernière s’était vivement émue des propos selon elle antisémites qui auraient été tenus par une de ses collaboratrices lors d’un colloque (LLB du 14/12). Il a surtout rebondi sur l’assertion du centre qu’"il s’agit d’une nouvelle provocation tendant à décrédibiliser le travail du centre".

Selon Michel Mahmourian et ses amis, "un organisme public qui prétend se vouer à la lutte contre le racisme, mais qui ne dénonce ni ne lutte contre les partisans du génocide ne peut se plaindre de son discrédit". Et d’expliquer que "le CECLR reste sourd et muet devant la corruption croissante de notre pays par le négationnisme importé de Turquie".

Pour le Comité des Arméniens, c’est d’autant plus étonnant que le CECLR a été un des moteurs de l’adoption de la loi réprimant le négationnisme du génocide perpétré par les nazis.

"En outre, son directeur adjoint, le Pr Edouard Delruelle, n’ignore pas le danger que constituent pour notre pays ceux qui nient le génocide des Arméniens et celui des Tutsi et il s’est d’ailleurs clairement prononcé, à titre personnel, en faveur de l’extension de la loi. Mais voilà, ce négationnisme gangrène des fonctions vitales pour l’avenir (la politique, le culte, l’enseignement), alors qu’il est à l’origine de violences sans précédent, telles que les émeutes qui ont semé le désordre à Schaerbeek et Saint-Josse-ten-Noode, en octobre 2007, au cours desquelles un café a été saccagé et son patron agressé aux cris de "Tuez-le, c’est un Arménien". Le crime de génocide est la manifestation la plus aiguë et massive du racisme. Le négationnisme de la Turquie et de ses relais en est la prolongation. Toute forme de lâcheté face à l’impunité de la Turquie bloque le processus de démocratisation de ce pays et encourage les Etats à enfreindre la loi internationale." Et de conclure que "le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme retrouvera donc son honneur perdu lorsqu’il prendra la tête de la résistance belge face au négationnisme".

 

La Libre Belgique 21 décembre 2011