Communiqué de Reporters sans Frontières sur le procès Dink

Alors que se tient aujourd’hui, 10 mai 2010, la 13e audience du procès des assassins présumés du journaliste Hrant Dink, Reporters sans frontières réitère son soutien à sa famille et à ses avocats dans leur combat pour un procès équitable .

Les avocats de la famille de Hrant Dink, qui luttent depuis son assassinat pour que la lumière soit faite, viennent de porter plainte contre Mustafa Güran, le gouverneur adjoint d’Istanbul. Ils l’accusent d’ « abus de pouvoir » (art. 257-1) et d’avoir fait « obstruction » à leur travail. Mustafa Güran aurait en effet refusé de leur fournir le rapport des inspecteurs du ministère de l’Intérieur, pourtant indispensable à leurs diverses démarches.

Sans ce rapport, les avocats ne peuvent faire appel de la décision du 12 mars 2010, qui innocentait l’ancien chef de la police, Celalettin Cerrah. Alors qu’ils avaient clairement annoncé leur intention de faire appel, le gouverneur adjoint a refusé d’accéder à leur demande de consulter le rapport en question.

Selon les avocats, Fethiye Cetin et Ismail Cem Halavurt, ce refus de collaboration rend impossible la tenue d’un procès équitable, principe pourtant garanti par la législation turque et par la Convention européenne des droits de l’homme. Ils demandent que Mustafa Güran soit jugé en vertu de l’article 257-1 du code pénal turc. Si le parquet décide de le poursuivre, le gouverneur adjoint est passible de trois ans de prison.

La famille de Hrant Dink, assistée de ses avocats, réclame que le procès soit confié à des procureurs qui pourraient s’y consacrer à temps complet. Jusqu’à présent, les procureurs chargés de cette affaire en traitent d’autres simultanément. Pour la famille du journaliste, les circonstances de l’assassinat exigent une meilleure prise en charge du procès.

Hrant Dink a mené un combat acharné pour la reconnaissance du génocide arménien. Il a été poursuivi en justice pendant plusieurs années dans le cadre de ses activités journalistiques. Il était dans la ligne de mire de la justice et des milieux ultranationalistes depuis plusieurs mois lorsqu’il a été tué par balles, le 19 janvier 2007, dans le district de Sisli d’Istanbul, à quelques pas de la rédaction d’Agos, l’hebdomadaire qu’il avait créé en 1996.

Reporters Sans Frontières

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