La Libre.be - lundi 20 avril 2015. Par Christophe Lamfalussy

On sait que les Arméniens ont été les victimes entre avril 1915 et juillet 1916 d’un génocide qui a fait près d’1,2 million de victimes. On oublie souvent que d’autres minorités, vivant de longue date dans l’Empire ottoman finissant, ont elles aussi été pourchassées et exterminées.Ce fut également le cas de 500 000 Araméens, Assyriens, Syriaques et de 500 000 Grecs pontiques. Mais l’histoire ne retient que le génocide des Arméniens.

Pour réparer cet oubli, le député CDH Georges Dallemagne vient de déposer une "proposition de résolution" pour étendre à ces autres minorités chrétiennes la résolution qui avait été adoptée par le Sénat belge le 26 mars 1998.

 

La résolution - adoptée à 49 voix pour et 9 abstentions - considérait "que les Arméniens de Turquie furent victimes en 1915 d’un génocide perpétré par le gouvernement ottoman de l’époque". Le vote belge s’inscrivait en droite ligne d’une décision en ce sens prise par le Parlement européen dès 1987.
Georges Dallemagne s’appuie sur l’avis de plusieurs experts qu’il a réunis le 25 mars dernier à la Chambre, en compagnie de la Fédération des Araméens de Belgique.
L’historien spécialiste des génocides Joël Kotek (ULB) y a notamment rappelé que c’est dans l’idée prônée par les dirigeants ottomans "d’un Etat-nation ethnique que se trouve l’explication première du génocide de 1915". En appelant à limiter le nationalisme turc moderne aux seuls Turcs musulmans,"les Arméniens, Araméens et Grecs pontiques ne pouvaient apparaître que comme des obstacles majeurs à l’unification ethnique des Turcs autour de cette Anatolie", a-t-il dit.
Timing parfait
Le centenaire du génocide arménien sera commémoré par un concert à Istanbul ce 22 avril et par d’immenses manifestations et concerts, le 24 avril à Erevan, la capitale de l’Arménie. A Ankara, en cette année électorale, le gouvernement turc se montre très nerveux sur ce sujet sensible, malgré les avancées faites par la société civile turque en vue d’une reconnaissance du génocide par la Turquie. Le bureau du Premier ministre Ahmet Davutoglu a indiqué lundi que son pays "partage les souffrances des enfants et des petits-enfants" des Arméniens et souhaite de meilleures relations avec l’Arménie.
Georges Dallemagne demande au gouvernement belge d’inviter son homologue turc à reconnaître le génocide des Arméniens mais aussi des autres minorités. Et d’aider ces minorités qui sont aujourd’hui la cible de l’Etat islamique en Irak et en Syrie.