Le Vif.be / 29/10/2014.  François Janne d'Othée

Dans le Haut-Karabakh, région à majorité arménienne disputée par l'Arménie et l'Azerbaïdjan, l'aéroport local attend désespérément son premier avion de ligne depuis 2011. Capitale de la république autoproclamée du Haut-Karabagh, la petite cité de Stepanakert est sans doute la seule capitale au monde sans liaison aérienne. Elle est pourtant dotée depuis 2011 d'un aéroport flambant neuf, avec pour objectif de la connecter à Erevan, capitale de l'Arménie.

 

Actuellement, seule une route montagneuse permet de relier les deux villes soeurs, soit un trajet long de sept heures pour 330 kilomètres. Mais voilà : depuis sa réhabilitation, l'aéroport n'a jamais servi, et pour une raison simple : les autorités de l'Azerbaïdjan menacent d'abattre tout avion, même civil, qui s'en approcherait. En toile de fond : le conflit vieux de vingt-cinq ans entre Erevan et Bakou, capitale de l'Azerbaïdjan, qui continue de revendiquer ce territoire à majorité arménienne. Stepanakert a elle-même été la cible de bombardements azéris entre 1989 et 1992. "Cet aéroport est d'abord destiné aux citoyens pour leur permettre de circuler librement, déclare au Vif L'Express Ashot Ghoulian, le président du parlement local, très remonté sur la question. On ne peut attendre indéfiniment le bon vouloir des Azéris. Après tout, nous pourrions également abattre leurs avions qui utilisent des couloirs aériens qui passent au-dessus de notre territoire. Mais nous ne voulons pas jouer aux plus barbares." En juin dernier, le premier décollage d'un monomoteur de tourisme aurait suscité l'"hystérie" des autorités de Bakou, si l'on en croit l'agence Armenpress. Pourtant, la relance de liaisons aériennes commerciales à Stepanakert ne serait plus qu'une question de semaines. "Seules des questions techniques doivent encore être résolues", entend-on. Mais qui cachent encore de réels blocages politiques. Si la guerre est officiellement terminée depuis 1994, des incidents sporadiques continuent d'éclater le long de la ligne de front, et sont même en recrudescence depuis l'été. Lundi dernier, le président François Hollande a réuni à Paris les dirigeants des deux pays pour des négociations sur la région disputée, sans qu'aucun résultat tangible n'en soit sorti.

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