RTBF vendredi 24 avril 2015

Plus de 3000 personnes, selon la police, ont marché vendredi après-midi à Bruxelles pour la commémoration du 100ème anniversaire du début du génocide arménien et pour sa reconnaissance par tous les Etats et plus particulièrement la Belgique.

Le parlement bruxellois a par ailleurs observé en matinée une minute de silence pour permettre à chaque parlementaire de rendre hommage aux victimes du génocide arménien et/ou aux migrants victimes de naufrages en mer Méditerranée.

Cette journée de commémoration a été initiée dès 10h00 par une messe à l'Église apostolique arménienne d'Ixelles située rue Kindermans. Cet hommage a été suivi de 12h00 à 13h30 par un dépôt de fleurs square Henri Michaux, devant le monument dressé pour les victimes du génocide arménien.                                                                                  

Crédit photos AMM

Les manifestants ont rappelé que le 24 avril 1915, le dernier gouvernement de l'empire Ottoman a donné l'ordre d'arrêter les intellectuels arméniens. Ils seront environ 2300 en deux jours. Entre 1915 et 1917, il est estimé qu'un million et demi d'Arméniens ont été déportés et massacrés au cours de ce qui a été le premier génocide du 20ème siècle.
"C'était un crime contre l'humanité, pas seulement contre les Arméniens et les chrétiens. En tant que Belges d'origine arménienne, on demande à notre pays de reconnaitre le génocide arménien. En 1988, seul le Sénat belge l'a reconnu. Nous demandons largement la reconnaissance du génocide arménien, mais aussi sa réparation et la pénalisation de la négation du génocide", a expliqué Peter Petrossian, président du Comité de défense de la cause arménienne de Belgique, qui estime entre 30 000 et 35 000 le nombre de Belges d'origine arménienne.

Côté bruxellois, le président de l'assemblée, Charles Picqué, avait plus tôt proposé aux députés présents d'observer une minute de silence pour mettre fin à la polémique née cette semaine dans les couloirs du parlement, certains ayant soupçonné le PS d'avoir usé d'un stratagème pour ne pas exposer certains élus dans ses rangs à prendre part à un hommage alors que l'État turc n'a jusqu'ici jamais reconnu l'existence d'un génocide du peuple arménien il y a un siècle.
Charles Picqué a annoncé qu'étaient maintenues les deux initiatives décidées au sein du bureau de l'assemblée, à savoir le dépôt d'une gerbe de fleur, par lui-même et les membres du bureau qui le souhaitent au pied du monument érigé à la mémoire des victimes du génocide arménien, et par ailleurs l'envoi d'une lettre aux présidents de la Commission, du Conseil et du Parlement européens pour faire part de la solidarité des députés bruxellois avec toute initiative positive à l'égard des naufragés.

La cheffe du groupe Ecolo, Zoé Genot, s'était indignée en milieu de semaine du refus du bureau de suivre sa demande d'organiser une minute de silence en hommage des victimes du génocide arménien, perpétré il y a cent ans cette année.
Le chef du groupe FDF, Emmanuel De Bock, dont la formation est dans la majorité, avait affirmé qu'il avait soutenu cette demande. Non sans provoquer des grincements de dents chez son partenaire socialiste, il avait notamment affirmé que le PS tenait dans ses rangs "les plus fervents négationnistes par rapport à la reconnaissance du génocide arménien".
Vendredi, Charles Picqué a souligné qu'il importait davantage d'honorer un drame que de polémiquer. "Je veux clore ces incidents" alimentés par des "émois sincères", mais aussi par des "litiges de nature politique qui le sont moins", a-t-il commenté.
RTBF, avec Belga